mardi 21 avril 2009

PETIT LEXIQUE POUR EN FINIR AVEC QUELQUES IDEES RECUES SUR LES UNIVERSITAIRES

PETIT LEXIQUE POUR EN FINIR AVEC QUELQUES IDEES RECUES SUR LES UNIVERSITAIRES

réalisé par un collectif d’enseignants-chercheurs de la Faculté de droit et des sciences sociales de l’Université de Poitiers


SOMMAIRE

COURS
ETUDIANTS
EVALUATION
GREVE
JOURNEES D’ETUDES, CONFERENCES, COLLOQUES
LABORATOIRES
RECHERCHE
REMUNERATION
RESPONSABILITES (autres)
SECURITE DE L’EMPLOI
TEMPS DE TRAVAIL
THESE
VACANCES


1. COURS : Les enseignants ne travaillent que lorsqu’ils sont en cours !

NON, les enseignants-chercheurs ont bien d’autres activités et assurer un cours implique plusieurs phases de travail.

- La maturation : En amont, le cours doit être préparé par l’enseignant (lecture de traités, manuels et revues, suivi et analyse de l’actualité, construction du cours, rédaction du cours…). Transmettre avec pédagogie des connaissances techniques et ardues nécessite de la réflexion et donc du temps. L’enseignant doit « digérer » la matière pour la rendre audible, au final.

- Le dispositif pédagogique : Le cours doit être accompagné d’un travail pédagogique (préparation de supports ou de documents complémentaires, choix de sujets de travaux pratiques, animation des équipes pédagogiques, conception des sujets d’examens…). Le cours peut également faire l’objet d’un suivi dans le cadre d’un environnement numérique de travail (alimentation d’un bureau virtuel, mise en ligne du cours, échange de courriels avec les étudiants, organisation d’un forum de discussion …).

- La « performance » : Lors d’un cours magistral dispensé en amphithéâtre,
l’enseignant livre le fruit de ses recherches et de son savoir avec conviction et concentration. Pour capter l’attention de son public, l’enseignant déploie des trésors d’énergie. C’est une véritable performance à laquelle il se livre. Dans les cours à effectifs plus réduits, l’enseignant engage le dialogue avec les étudiants dans un souci d’interactivité et d’approfondissement du sujet. Il s’expose alors à rencontrer les propres limites de sa connaissance.

- L’évaluation [voir ce mot] : Le cours fait l’objet de contrôles de connaissances qui impliquent une organisation et un travail importants : surveillance des examens, interrogations écrites et orales, correction des copies… En droit, la correction d’une copie prend en moyenne 20 minutes, la correction d’un mémoire plusieurs heures, la correction d’une thèse plusieurs jours. Sans oublier le temps consacré aux délibérations des jurys d’examens, à l’organisation de l’intersession destinée aux étudiants recalés, à la mise en place de la seconde session d’examens.

- L’actualisation : Un cours nécessite un travail de veille continu (suivi de l’actualité, lecture de revues généralistes et spécialisées, d’ouvrages collectifs, de thèses…). En droit, ce travail de veille est primordial : des lois et arrêts nouveaux modifient régulièrement l’état du droit. Qui n’a jamais entendu parler d’inflation législative et réglementaire ? La lecture des décisions de justice prend également du temps (la décision de la Commission européenne condamnant Microsoft fait 300 pages, celle du Conseil de la concurrence condamnant Orange pour la durée de l’exclusivité sur l’I-phone fait 48 pages).

- La recherche [voir ce mot]: Le travail d’enseignement ne saurait être dissocié du travail de recherches. Nos enseignements sont toujours le fruit de nos recherches. Si nous n’avons plus de temps à consacrer à la recherche, notamment si nous sommes surchargés de responsabilités administratives, nous n’aurons plus rien à enseigner.


2. ETUDIANTS : Livrés à eux-mêmes

NON, les universitaires ne se désintéressent pas des étudiants en dehors des cours.

Les étudiants sont encadrés dans des groupes (20 à 40 personnes) de travaux dirigés. Les plus avancés sont dirigés individuellement dans la préparation et la rédaction de leur rapport de stage, mémoire ou thèse. Les enseignants-chercheurs participent à ce moment fort qu’est la soutenance. Ils assument d’autres responsabilités (voir ce mot) avant, pendant et même après l’université.

AVANT. Les enseignants participent à l’orientation des élèves de lycée dans leur choix d’études après le bac (présence aux salons des étudiants, intervention dans les lycées, entretiens individuels…). Ils s’occupent également de ceux et celles qui souhaitent débuter ou reprendre des études grâce à la validation des acquis professionnels ou de l’expérience. Ils examinent aussi les dossiers des étudiants résidant à l’étranger sans posséder le baccalauréat étranger et qui souhaitent intégrer l’université.

PENDANT. Les enseignants reçoivent les étudiants, individuellement ou en groupe, pour discuter avec eux de leur avenir : changement d’orientation, journées d’accueil, réunions d’information sur les formations, conseils pour étudier à l’étranger, recommandations méthodologiques…. Ils organisent des conseils d’année pendant lesquels les étudiants peuvent apprécier le contenu de la formation et l’accueil qui leur est réservé dans l’établissement. Ils encadrent bénévolement des étudiants désireux de participer à certains concours afin de valoriser leur cursus.
Les enseignants assurent le suivi des stages et évaluent, en collaboration étroite avec la structure concernée, le rapport de stage effectué par l’étudiant. Ils rédigent des lettres de recommandation pour permettre aux étudiants d’intégrer certaines administrations ou entreprises. Ils organisent des journées d’études pour favoriser les rencontres entre étudiants et futurs employeurs et affiner les objectifs de la formation.

APRES. Les enseignants restent en contact avec les anciens étudiants pour aider ceux qui sont en formation à trouver des débouchés. Ils organisent avec eux des rencontres pour qu’ils communiquent sur leur profession actuelle.

3. EVALUATION : Inexistante !

NON, les universitaires n’échappent pas à l’évaluation.

Les universitaires ne sont jamais évalués ? Pourtant,

- Les Attachés temporaires d’enseignement et de recherche (ATER), qui préparent une thèse, sont évalués tous les ans afin d’être renouvelés. Ils sont à nouveau évalués au moment de la soutenance de leur thèse.

- Les maîtres de conférences et les professeurs sont évalués avant d’entrer dans le corps (qualification nationale et commission locale ou agrégation) (voir le mot thèse). Ils sont évalués à chaque changement de grade ou de corps (aucun accès n’est automatique). Ils sont évalués en cas de demande de mutation. Ils sont évalués pour leur activité d’enseignement (voir le mot cours) (prime pédagogique) ou de recherche [voir ce mot] : acceptation ou refus de leur publication ; octroi ou refus de la prime d’encadrement doctoral ; octroi ou non d’un congé recherche… Rien n’est automatique.

- Une autorité administrative indépendante, l'Agence d'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur (AERES) évalue les établissements d'enseignement supérieur et de recherche en tenant compte de l'ensemble de leurs missions. Elle évalue les formations et les diplômes des établissements d'enseignement Supérieur et valide les procédures d'évaluation des personnels des établissements.

Au total, les enseignants font l’objet d’une évaluation INDIVIDUELLE, dans toutes les disciplines, sans parler de l’évaluation COLLECTIVE à travers l’équipe de recherche à laquelle ils sont attachés.

4. GREVE : Congés-payés !

NON, les enseignants chercheurs ne sont pas payés quand ils font grève.

Les enseignants chercheurs, quels que soient leurs statuts, sont d’abord des agents du service public. Dans ces conditions, ils ne peuvent décider seuls de se mettre en grève. Ce sont les syndicats représentatifs qui appellent à la grève et déposent un préavis. Sans ce préavis, aucune grève n’est licite. Y contrevenir expose à des sanctions disciplinaires.

Lorsqu’un enseignant chercheur se déclare gréviste, 1/30ème de son traitement mensuel brut lui est retiré, pour chaque jour de grève, quelle que soit la durée de son arrêt de travail dans la journée en question. De plus, un arrêt de travail qui chevaucherait une période de repos hebdomadaire ou férié expose tout fonctionnaire d’Etat, comme le sont les enseignants chercheurs, à la retenue sur ces jours de repos (Conseil d’Etat 27 juin 2008, n° 305350).

Cependant, chaque enseignant chercheur n’a pas forcément cours [voir ce mot] un jour de grève. Il se peut, dans ce cas-là, qu’il participe aux actions collectives sans pour autant se déclarer gréviste. La pratique est d’ailleurs étendue de mise en place de caisses de solidarité par lesquelles les enseignants chercheurs qui ne se déclarent pas grévistes versent une partie de leur traitement. Lors des conflits longs, il est ainsi moins difficile aux personnels administratifs et techniques des universités, aux budgets personnels en général plus réduits, de se déclarer grévistes, en percevant une compensation de la perte de salaire qu’ils subissent à cette occasion.

Il est aussi des enseignants chercheurs qui se déclarent grévistes les jours de cours et qui, par souci du service dû aux étudiants, rattrapent les cours qui n’ont pas été assurés.

5. JOURNEES D’ETUDES, conférences, colloques : Récréation !

NON, les universitaires ne sont pas constamment en voyage en France ou à l’étranger.

Pour leur formation, pour leur recherche [voir ce mot], pour leur promotion… ils devraient participer régulièrement à toutes sortes de rencontres. Ce qui est assez facile dans sa ville. Mais, au-delà, pour beaucoup, il manque le temps ou l’argent. Bien souvent ils ont l’un sans l’autre. Lorsqu’ils réussissent à s’absenter, il faut rattraper les cours [voir ce mot] ou autres activités d’enseignement.

Etre choisi par les organisateurs pour prendre la parole, « faire un rapport » dans l’une de ces manifestations, est certes honorable et, en général, ne se refuse pas. Cela fait partie du métier de chercheur ou de la mission de valorisation de la recherche. Pour autant, c’est toujours beaucoup de travail ; nombreux sont ceux qui terminent dans la nuit précédant leur intervention. Et ensuite il faut préparer la publication.

6. LABORATOIRES : Seulement avec des éprouvettes !

NON, les universitaires n’ont pas forcément besoin d’une éprouvette pour faire de la recherche.

Tous (historien, linguiste, juriste…) appartiennent à des équipes de recherche appelées laboratoires, centres ou instituts.

Ces équipes de recherches, constituées par spécialité, sont dirigées par des universitaires. L’ensemble de leurs membres, enseignants-chercheurs et doctorants, travaillent sur des projets de recherche collective. Par exemple, au sein de la Faculté de Droit de Poitiers, l’équipe de droit pénal travaille sur la qualité de la justice pénale en France et en Europe, en lien avec des universités françaises et étrangères ; au sein du CECOJI (Centre d’Etudes et de coopération Internationale) ,les équipes « droits de l’homme » et « droit de la propriété intellectuelle » ont engagé une recherche commune sur le thème du médicament (Comment garantir à tout homme le droit à l’accès au médicament ? La propriété intellectuelle est elle un instrument adéquat pour garantir cet accès ?) .

Les enseignants-chercheurs passent/perdent une grande partie de leur travail dans des formalités administratives de réponses aux appels d’offres.

Durant le temps de la recherche (entre un et trois ans en moyenne), des séminaires intermédiaires peuvent être organisés pour présenter les premiers résultats obtenus. Une fois aboutis, les travaux donnent lieu à publication, éventuellement précédée d’un colloque ou journée d’études [voir ce mot].

Pour les laboratoires, ces recherches collectives sont essentielles. Elles assurent une part, parfois importante, de leur budget de fonctionnement servant, notamment, à l’achat des ouvrages utiles aux enseignants et étudiants. Elles sont également prises en compte pour l’évaluation collective de l’équipe de recherche [voir le mot évaluation].

7. RECHERCHE : Inutile et insuffisante !

NON, la recherche n’est pas inutile et les enseignants y consacrent une grande partie de leur temps de travail.

La recherche est la seconde grande mission de l’Université. Elle n’est pas réservée aux enseignants-chercheurs en sciences « dures ». Il existe une recherche en sciences juridiques, sciences humaines et sociales... Par exemple, se poser la question de ce que l’incarcération des plus jeunes peut engendrer comme conséquences sociétales peut, à terme, influer sur les politiques publiques. En droit, les travaux des universitaires servent à guider le juge dans l’application qu’il fait de la règle de droit et à éclairer le législateur sur les besoins de la vie juridique. Ils participent à l’élaboration de la doctrine dans laquelle certains voient une source indirecte du droit.

La recherche est scientifique lorsqu’elle respecte certaines règles méthodologiques. Elle s’appuie sur des observations, soulève des interrogations, implique une réflexion, permet de livrer des résultats, de suggérer une analyse, de défendre une thèse…, quelque soit son objet. Selon les secteurs, l’enseignant-chercheur participe au développement de la recherche fondamentale, appliquée, pédagogique ou technologique ainsi qu’à la valorisation de ses résultats. Par exemple, la recherche en droit de la propriété industrielle (droit des brevets, droit des dessins et modèles…) permet aux scientifiques de mieux valoriser leurs inventions.
De manière plus générale, la recherche permet de développer l’esprit de réflexion et d’analyse critique. En s’interrogeant sur le monde (les nouvelles formes de parentalité, la notion de service public, l’impact du droit communautaire en France…) le chercheur sert l’intérêt général et contribue au rayonnement de la connaissance

8. REMUNERATION : Très élevée !

NON, les universitaires n’ont pas un traitement mirobolant.

Dans le cadre du mouvement actuel, ils ne demandent aucune augmentation mais comme en témoignent quelques chiffres, leur rémunération est largement inférieure à celle de nombreux emplois pour lesquels un niveau d’études moins élevé est exigé.

Cette rémunération en début de carrière est de 1646,85€ net par mois pour un maître de conférences et de 2386,84 € net par mois pour un professeur. Elle couvre les heures d’enseignement [voir le mot cours] et l’essentiel de l’activité de recherche (participation aux colloques, conférences, publications, etc …) [voir le mot recherche]. Elle couvre également le temps de correction des copies, des surveillances, d’encadrement des étudiants pour la réalisation de leurs mémoires, rapports de stage et même parfois de thèses. Elle couvre encore le temps d’évaluation des étudiants, de participation aux délibérations d’examens ou aux jurys de soutenance, de même qu’une partie des activités administratives comme la direction de laboratoires ou d’instituts de recherche [voir le mot responsabilités]. Il n’y a pas de 13ème mois, pas d’avantage en nature et les primes sont rares.

TRAITEMENTS
En début de carrière :
Maître de conférences (1er échelon) : 1646,85€ net par mois.
Professeur des universités (1er échelon) : 2386,84 € net par mois.

Après 20 ans d’ancienneté :
Maître de conférences (7eme échelon) : 2716,94 € net par mois.
Professeur des universités (2ème échelon 1er classe) : 3493,20 € net par mois.

PRIMES
La seule prime accordée systématiquement en plus du traitement est une prime annuelle d’enseignement et de recherche (1219,16 €/an).
Eventuellement et de manière aléatoire, l’enseignant-chercheur pourra percevoir un certain nombre de rémunérations supplémentaires :
=>une prime d'encadrement doctoral et de recherche (mais cela est loin d’être systématique et reste subordonné à plusieurs conditions), accordée sur décision ministérielle, sur l'avis d'un groupe d'experts, si l’universitaire s’engage à mener pendant 4 ans une activité particulière en matière de formation à la recherche et par la recherche.
Montant annuel en 2003-2004 :
- 3 359 € pour un maître de conférences
- 4 852 € pour un professeur de deuxième classe

=>une prime de charges administratives ou d'administration, si l’universitaire exerce des fonctions administratives au sein de l'établissement...
Montant variable selon la nature des fonctions exercées (montant moyen annuel 2 019 €/an).

=>une prime de responsabilités pédagogiques, si l’universitaire exerce des fonctions pédagogiques spécifiques autres que d'enseignement en présence d'étudiants.
Montant variable selon la nature des fonctions exercées (de 456 € à 3 530 €/an).

QUELQUES EXEMPLES DE REMUNERATIONS A NIVEAU BAC +5

-Ingénieur dans l’industrie : 2200 à 2800 euros bruts mensuels, soit environ 1760 à 2240 euros nets mensuels (hors primes et 13ème mois)
-Responsable qualité : 2500 euros bruts mensuels, soit environ 2000 euros nets mensuels (hors primes et 13ème mois)
-Directeur des ressources humaines : 3500 euros bruts mensuels, soit environ 2800 euros nets mensuels (hors primes et 13ème mois)
-Juriste dans le secteur social : 2500 euros bruts mensuels, soit environ 2000 euros nets mensuels (hors primes et 13ème mois)
-Juriste dans le secteur immobilier : 2300 euros bruts mensuels, soit environ 1840 euros nets mensuels (hors primes et 13ème mois)

Source : http://letudiant.fr/

10. RESPONSABILITES (autres) : Aucune !

NON, les universitaires n’accomplissent pas que des tâches d’enseignement et de recherche. Ils assument d’autres responsabilités…

Ces charges extraordinairement diverses et variées sont de plus en plus nombreuses et toujours fortement chronophages. Elles se font au détriment de l’activité de recherche, voire de celle d’enseignement et ne sont, dans leur grande majorité, ni rémunérées, ni prises en compte pour l’évolution de carrière de l’enseignant-chercheur. L’acceptation de responsabilités administratives, pourtant essentielles pour la bonne marche d’une université, repose donc encore trop largement sur la bonne volonté et le bénévolat.

Les charges administratives peuvent être de deux sortes : les mandats électifs et les charges pédagogiques. Les mandats électifs sont destinés à permettre aux enseignants de participer à la direction des diverses instances universitaires. Un enseignant peut ainsi être élu au conseil d’administration de son UFR, et dans les diverses commissions qui seront constituées en son sein, voire être élu Doyen ou Directeur de sa composante. Il existe également des conseils au niveau de l’Université et non plus de l’UFR. Le Conseil d’administration, le Conseil scientifique et le Conseil des études et de la vie universitaire fonctionnent ainsi grâce à la bonne volonté de personnels enseignants et administratifs et d’étudiants élus par leurs pairs, qui participent à de multiples commissions et assistent et conseillent le Président de l’université dans sa mission de direction de l’établissement. Les charges pédagogiques reposent sur des enseignants volontaires, nommés, qui ont pour mission d’assurer la direction d’une formation, d’un laboratoire ou d’un cycle d’étude. A cette fin, ces enseignants conçoivent ou réorganisent les plaquettes des enseignements, expliquent les objectifs de la formation et rédigent les règlements d’examen, qu’ils doivent faire valider par le ministère. La direction de centres ou d’instituts de recherche impose à l’enseignant responsable d’impulser des projets de recherche collectifs nationaux et/ou internationaux, pour les coordonner et les valoriser sous forme de publications, colloques, séminaires, journées d’études. Quant au directeur d’études, il est chargé d’accueillir les étudiants, de répondre à leurs interrogations en termes d’orientation et de déroulement de leur cursus, d’organiser leurs groupes de travaux-dirigés et le tutorat d’accompagnement pédagogique.

Il convient enfin de noter que tous les enseignants participent aux jurys de nombreux examens et concours et qu’ils président notamment les jurys du Baccalauréat.

11. SECURITE DE L’EMPLOI : Garantie pour tous !

NON, les agents de l’Université ne sont pas tous des fonctionnaires.

Chez les enseignants chercheurs, seuls les professeurs d’université, maîtres de conférences et professeurs de l’enseignement secondaire détachés sont fonctionnaires. Les « doctorants », qui préparent une thèse et assurent des travaux dirigés, sont employés pour certains par des contrats de travail, de durée variable entre un et trois ans, et pour d’autres par des vacations.

Les personnels administratifs et techniques relèvent de plusieurs statuts. Une partie est composée de fonctionnaires d’Etat, mais nombre de ces collègues sont également contractuels. Des contrats de travail, il y en a de diverses sortes : des contrats à durée indéterminée, encore peu pratiqués mais permis depuis 2005, des contrats à durée déterminée, pouvant être renouvelés jusqu’à une durée de six ans. Entre ces contrats, il convient de distinguer ceux qui relèvent d’un régime de droit public et ceux qui sont soumis au Code du travail, même si l’agent participe à la mission de service public. Ces seconds contrats qui, depuis peu, peuvent être aussi à durée indéterminée, sont conclus au prétexte de faciliter l’insertion professionnelle et sociale. Les personnels sous contrat de droit privé ne sont payés qu’au niveau du S.M.I.C. et ne relèvent d’aucun statut ni même d’une convention collective. Le recours aux agents contractuels est appelé à s’accroître par la disparition programmée des fonctionnaires d’exécution dits de catégorie « C ». La soi-disant « réduction du nombre de fonctionnaires » se concrétise en réalité par une simple substitution : des emplois moins bien rémunérés et plus précaires remplacent des emplois statutaires.

Enfin, des personnes travaillent au sein de l’Université sans en être les employées, ni celles de l’Etat. Ce sont les salariés d’entreprises prestataires de service, affectés à des tâches d’entretien. Là encore, un phénomène de substitution progressive peut être observé.

12. TEMPS DE TRAVAIL : Quelques heures par semaine !

NON, les universitaires ne travaillent pas seulement quelques heures par semaine.

Les 1607 heures annuelles de référence (dont 192 heures minimum d’enseignement face aux étudiants) sont souvent dépassées. Mais il est vrai qu'une bonne partie de leurs heures de travail ne sont pas « visibles ». Seules le sont les heures de réunions, de cours, de surveillances, de jurys, de délibérations, de colloques, d’entretiens avec les étudiants….

L’universitaire, à l'image du présentateur du journal télévisé qui travaille de longues heures en amont pour préparer le 20 heures, ne pénètre dans son amphithéâtre qu'après avoir construit son cours, conçu des supports pédagogiques, lu et beaucoup réfléchi pour transmettre un savoir, un sens de la critique et de l'argumentation [voir le mot cours]. A cela s'ajoute le temps passé à corriger des centaines de copies et à s'entretenir (en "présentiel" ou par courriel) avec les étudiants.
L'universitaire est aussi un chercheur qui réfléchit sur sa matière et publie des articles, ouvrages, communications à des colloques [voir le mot recherche]. Ces heures de réflexion, de lectures et d'écriture s'ajoutent aux précédentes et l'obligent souvent à prendre du temps sur ces vacances afin d'honorer ses engagements de publication.

L'universitaire siège également à différents conseils d'administration, conseils scientifiques, commissions pédagogiques, commissions des étudiants étrangers, de validation des acquis de l'expérience... autant d'institutions qui font vivre son université.

Les heures de travail de l'universitaire se font aussi administratives lorsqu'il réalise les emplois du temps des étudiants, ceux de ses collègues, lorsqu'il gère les plannings, prépare l'habilitation d'un nouveau diplôme....

A cela il faut encore ajouter les heures consacrées à la direction des mémoires et des thèses des étudiants qu'il encadre, à la promotion des filières dont il est responsable, à l'organisation d'un colloque ou d'une conférence et toutes celles passées en discussion avec les collègues sur l'intérêt d'une thèse, une idée de recherche, la qualité d'un plan de cours....

Pour mener à bien toutes ses missions, l'universitaire ne compte pas ses heures de travail déjeune souvent en travaillant et/ou travaille le soir et les weekends.

Non, décidément, les universitaires ne travaillent pas que quelques heures par semaine. Ils sont seulement de ces professionnels dont le métier consiste, pour sa part la meilleure, à lire, réfléchir, écrire, apprendre pour s'enrichir et enrichir les autres, autant de passions rebelles à toute comptabilisation.

13. THESE : Recrutement garanti !

NON, les universitaires n’ont pas obtenu leur emploi avec leur seule thèse.

10 années d’études minimum après le baccalauréat sont généralement nécessaires pour accéder à un poste d’enseignant-chercheur titulaire à l’Université.

Après l’obtention d’un diplôme de Master II de spécialisation, délivré en cinq ans après le baccalauréat, la soutenance d’une thèse de doctorat, résultat d’un travail minutieux de recherche réalisé au mieux en trois années (souvent en 4 ou 5 ans), est nécessaire pour envisager une carrière d’enseignant-chercheur titulaire à l’Université.

Toutefois, l’obtention du doctorat avec la plus haute des mentions n’est pas suffisante pour décrocher un poste. Il convient pour ce faire de poursuivre ses recherches, après la thèse, pendant une année de post-doctorat, afin de présenter dans les meilleures conditions le concours de qualification aux fonctions de maître de conférences. Une fois obtenu, ce concours donne au titulaire, non pas un poste, mais le droit de postuler sur l’un des postes ouverts au recrutement de sa spécialité dans l’une des Universités françaises. Le postulant se portera donc candidat dans chacune de ces universités qui, après examen de ses travaux par un comité d’experts de la discipline, sera éventuellement retenu pour passer une audition devant un comité de sélection. Ce dernier décidera alors, éventuellement, de proposer son recrutement au conseil d’administration de l’université qui statue en dernier ressort. Une fois nommé sur un poste de maître de conférences stagiaire, l’enseignant-chercheur est évalué sur sa double pratique d’enseignant et de chercheur à l’issue de son année de stage pour décider de sa titularisation [voir le mot évaluation].

Pour accéder au grade de professeur des universités, il lui faudra, après plusieurs années d’exercice, réussir un concours spécifique dont les modalités varient selon les disciplines.

14. VACANCES : Constamment !

NON, les enseignants-chercheurs ne sont pas toujours en vacances.

Ils commencent à préparer la rentrée de septembre dès le 25 août et finissent de délibérer sur la seconde session d’examens vers le 10 juillet. Pendant une bonne partie de l’été, ils montent leurs nouveaux cours, écrivent des manuels ou des articles, et continuent de suivre les travaux de leurs étudiants : stages effectués pendant l’été, mémoires, thèses….

Voici par exemple, le calendrier des enseignants de la Faculté de Droit de Poitiers adoptée au début de l'année 2008-2009 :
25 août-30 août : Préparation de la rentrée et déroulement des cycles préparatoires
1er septembre - 28 novembre : Cours du 1er semestre
1er-6 décembre : organisation des colles et correction des copies
8-13 décembre : organisation des examens oraux
15-20 décembre : examens écrits et correction des copies
Vacances de Noël : du 22 décembre au 4 janvier (et correction des copies !)
5 janvier au 20 mars : cours du 2ème semestre.
21 mars – 11 avril organisation des colles et correction des copies
14 avril -18 avril : examens écrits et correction des copies
Vacances de printemps : du 20 avril au 3 mai et correction des copies !
4 mai -11 mai : examens oraux et retour des rapports de stages
12 -22 mai : Délibérations de la 1ère session et correction des rapports de stage
26 mai -10 juin : organisation de l’Intersession
17-24 juin : examens écrits de la 2ème session et correction des copies
25 – 30 juin : examens oraux de la 2ème session et correction des copies
6-9 juillet délibérations de la 2ème session
9 juillet – 13 juillet : sélection des étudiants de Master II